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Encore un de rayé de ma liste : le Mexique !

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Encore un de rayé de ma liste : le Mexique ! Empty Encore un de rayé de ma liste : le Mexique !

Message  clomani Jeu 29 Mai - 11:17

Vous n'êtes pas sans savoir que j'adorais le Mexique... j'y ai appris l'espagnol, c'est en essayant de comprendre la lutte zapatiste en 94 que j'ai décidé de me relancer dans les études, d'ethno, il y a 10 ans... J'y ai rencontré des gens fabuleusement gentils et généreux. Je m'y sentais chez moi...
J'ai même pensé un moment m'exiler là-bas pour ma retraite... Eh bien la suite me fait hésiter... Comme disent les Mexicains en parlant de leur pays : "tan lejos de Dios, tan circa de los Estados Unidos" (si loin de dieu, si près des USA). Extrait de "Courrier International" :
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Je vis dans une ville assiégée. A la boulangerie, chez le marchand de
fruits et à la boucherie, de jeunes soldats arborent des fusils Barret
calibre 50. Ils sont petits de taille. Ils doivent être du Sud, du
territoire du sous-commandant Marcos. Je demande au moins bourru s'ils
ont attrapé quelqu'un. Il me répond que non, qu'en général ils
n'arrêtent jamais personne. Le président a déclaré la guerre au
narcotrafic et pris trois villes : Juárez, Tijuana et Culiacán, où
j'habite. Nous avons subi de terribles fusillades. Il y a même eu des
tirs de lance-roquettes, d'AK-47, ainsi que des jets de grenades à
fragmentation. Nous n'avons pas pu célébrer la fête des mères comme
nous aimons le faire. Nous n'avons pas pu leur acheter de cadeaux, ni
les emmener dîner au restaurant. Personne n'a voulu sortir. Sauf ma
mère, qui est de l'époque de José Alfredo Jiménez, qui affirmait que la
vie ne valait rien [La vida no vale nada est
une célèbre chanson de ce monstre sacré de la musique mexicaine]. Elle
a discuté avec les soldats de garde, les a plaints d'être si loin de
leur mère en ce jour si important et les a invités chez elle pour
téléphoner ou aller aux toilettes. Maman, nous sommes en guerre, lui
ai-je dit, sois prudente. Contre qui ? Contre le crime organisé. Et
nous gagnons ? Plus ou moins, on parle de 2 000 pertes. Qui est le
commandant en chef ? Le président. Celui-là ? Mais il a volé les
élections, comment peut-il commander ? Il n'a rien fait de bien.
Calme-toi maman, le médecin t'a dit de ne pas t'énerver, n'oublie pas
que tu es atteinte de démence sénile. Celle qui était sénile, c'était
ta grand-mère, qu'elle repose en paix : pendant une seconde, j'ai cru
que nous avions déclaré la guerre aux Américains, imagine le cadeau que
ç'aurait été pour la fête des mères.




Les guerres sont faites pour que des innocents meurent. Dans les
deux camps, des recrues de moins de 20 ans, figurant parmi les
50 millions de pauvres du pays, essaient de s'en sortir vivants à
défaut d'indemnes. Ils semblent ne pas avoir d'autre choix. Il n'y a
pas d'université pour eux, et les rares qui font des études trouvent
difficilement un emploi.




Les gangs, eux, s'adaptent. Ils prennent une ville pour quelques
heures, ils font leur business et s'en vont. Six ou huit morts, six ou
sept blessés. Nous ne savons pas quel camp soutenir : les truands sont
ceux qui investissent, et leurs ennemis ceux qui administrent. On
soupçonne l'existence d'accords difficiles à rompre. Les spécialistes
disent que tant qu'on ne s'attaquera pas au blanchiment d'argent et à
la corruption dans les hautes sphères du pouvoir, tout ce sang sera
versé pour rien. Il ne servira qu'à alimenter les bruyants hommages
rendus par le président aux soldats tombés au combat.




Les Américains applaudissent. Tant qu'ils seront le marché le plus
demandeur du monde, ils peuvent continuer à applaudir. La drogue
arrivera jusqu'à eux, et transitera en grande partie par ici. Par les
villes assiégées, où la vie continue et où le rouge est celui du
crépuscule.
clomani
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