les festivals aussi sont confrontés à la mondialisation

Ouest France a écrit:
Les festivals rock confrontés à la mondialisation




Concurrencée
par un grand raout au Japon, la Route du rock de Saint-Malo a lieu en
semaine. Un pari nécessaire pour « capter » des têtes d'affiches.






« Lorsqu'on a annoncé qu'on déplaçait le festival en semaine, on nous a regardés avec des yeux incrédules. » François
Floret et les organisateurs de la Route du rock de Saint-Malo savent
qu'ils prennent un risque en « délocalisant » cette 17e édition, prévue du 15 au 17 août. Ils le font par nécessité afin de « rester autonome dans nos choix de programmation ». La
faute à un festival japonais calé sur les mêmes dates, le Summer Sonic,
qui fait de l'ombre au rendez-vous malouin depuis trois ans.« On
en avait assez de consulter chaque matin leur site Internet pour voir
quel groupe on n'aura pas. On ne peut pas lutter. Ils paient les
artistes deux à trois fois plus cher, le marché du disque japonais est
plus dynamique que le nôtre et c'est plus exotique d'aller jouer à
Osaka qu'en France. » Impossible non plus de faire monter des enchères qui atteignent déjà des hauteurs stratosphériques.Certainesvedettes internationales ne se déplacent pas au-dessous de 200 000 €.Une inflation de cachetsJean-Paul
Roland, le directeur des Eurockéennes, festival de Belfort, ne tient
pas tout à fait le même discours. Davantage qu'une concurrence entre
festivals qu'il récuse, affirmant au contraire profiter de la « capacité d'attraction » d'autres rassemblements européens, c'est l'inflation des cachets qui l'inquiète. Il invoque plusieurs raisons pour l'expliquer. « Avant, le live (passage sur scène NDLR) servait
à promouvoir un album. Aujourd'hui, avec les ventes de disques en chute
libre, c'est devenu la principale ressource des artistes. » En cause également, « des coûts de production en hausse (le groupe Muse se déplace, par exemple, avec dix camions de matériel), et la trop grande offre estivale : les artistes ont l'embarras du choix pour trouver des lieux où se produire. »Il est donc très difficile de se payer la venue exclusive d'une star, qui amortit le coût de son show sur la longueur d'une tournée. D'où l'uniformisation des affiches. « L'originalité se joue sur les petits groupes, les productions spéciales, les cartes blanches », concède
Jean-Paul Roland. Pour attirer les « gros poissons » du circuit, les
organisateurs affirment en choeur miser sur l'accueil. « L'argent est de toute façon un préalable. Après, de petites choses font la différence : si le groupe est bien accueilli, dans une programmation artistique cohérente, il sera ensuite un ambassadeur du festival », conclut le Malouin François Floret.