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FIL POESIE

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Message  gros branleur Ven 17 Oct - 20:27

A l'heure où le monde tombe dans la crise,
Quand il sombre dans un période si grise,
Alors doit revenir le temps des poètes,
Avec leurs mots dont la musique reflète
Les tourments de l'âme, la tristesse,
La beauté, la joie, la folie et l'ivresse.

Ainsi, nous proposons dans ce bar de consommer quelques vers,
chacun est invité à amener des poèmes qu'il aime pour les faire partager.

Juste pour un peu de poésie dans un monde de brutes...
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Message  gros branleur Ven 17 Oct - 20:29

Que diras-tu ce soir, pauvre âme solitaire,
Que diras-tu mon cœur, cœur autrefois flétri,
A la très belle, à la très bonne, à la très chère,
Dont le regard divin t’a soudain refleuri ?

-Nous mettrons notre orgueil, à chanter ses louanges :
Rien ne vaut la douceur de son autorité ;
Sa chair spirituelle a le parfum des Anges,
Et son œil nous revêt d’un habit de clarté.

Que ce soit dans la nuit et dans la solitude,
Que ce soit dans la rue et dans la multitude,
Son fantôme dans l’air danse comme un flambeau.

Parfois il parle et dit : « Je suis belle, et j’ordonne
Que pour l’Amour de moi vous n’aimiez que le Beau;
Je suis l’Ange gardien, la Muse et la Madone. »



Charles Baudelaire
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Message  Duchesse Ven 17 Oct - 20:51

Le poème dont je te parlais hier, c'est de pure musique.
J'aime

Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'écoeure.
Quoi ! nulle trahison ?...
Ce deuil est sans raison.

C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon coeur a tant de peine


Paul Verlaine
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FIL POESIE Empty Spécial pour Clo!

Message  Duchesse Ven 17 Oct - 22:01

Le savetier et le financier


Un Savetier chantait du matin jusqu'au soir :
C'était merveilles de le voir,
Merveilles de l'ouïr ; il faisait des passages,
Plus content qu'aucun des sept sages.
Son voisin au contraire, étant tout cousu d'or,
Chantait peu, dormait moins encor.
C'était un homme de finance.
Si sur le point du jour parfois il sommeillait,
Le Savetier alors en chantant l'éveillait,
Et le Financier se plaignait,
Que les soins de la Providence
N'eussent pas au marché fait vendre le dormir,
Comme le manger et le boire.
En son hôtel il fait venir
Le chanteur, et lui dit : Or çà, sire Grégoire,
Que gagnez-vous par an ? - Par an ? Ma foi, Monsieur,
Dit avec un ton de rieur,
Le gaillard Savetier, ce n'est point ma manière
De compter de la sorte ; et je n'entasse guère
Un jour sur l'autre : il suffit qu'à la fin
J'attrape le bout de l'année :
Chaque jour amène son pain.
- Eh bien que gagnez-vous, dites-moi, par journée ?
- Tantôt plus, tantôt moins : le mal est que toujours ;
(Et sans cela nos gains seraient assez honnêtes,)
Le mal est que dans l'an s'entremêlent des jours
Qu'il faut chommer ; on nous ruine en Fêtes.
L'une fait tort à l'autre ; et Monsieur le Curé
De quelque nouveau Saint charge toujours son prône.
Le Financier riant de sa naïveté
Lui dit : Je vous veux mettre aujourd'hui sur le trône.
Prenez ces cent écus : gardez-les avec soin,
Pour vous en servir au besoin.
Le Savetier crut voir tout l'argent que la terre
Avait depuis plus de cent ans
Produit pour l'usage des gens.
Il retourne chez lui : dans sa cave il enserre
L'argent et sa joie à la fois.
Plus de chant ; il perdit la voix
Du moment qu'il gagna ce qui cause nos peines.
Le sommeil quitta son logis,
Il eut pour hôtes les soucis,
Les soupçons, les alarmes vaines.
Tout le jour il avait l'oeil au guet ; Et la nuit,
Si quelque chat faisait du bruit,
Le chat prenait l'argent : A la fin le pauvre homme
S'en courut chez celui qu'il ne réveillait plus !
Rendez-moi, lui dit-il, mes chansons et mon somme,
Et reprenez vos cent écus.


Jean de la Fontaine
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Message  Invité Ven 17 Oct - 22:17

L'albatros


Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

Charles Baudelaire (les fleurs du mal)
FIL POESIE Albatros

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Message  spiderman Ven 17 Oct - 22:39

Mon doux, mon ange

Tu es la plus tendre, celle que je suis venu chercher ici;
je ne serai las de t'attendre,
ainsi passe la nuit.

Tu es mon doux mon ange,
celle qu'on rencontre une seule fois dans la vie;
au Café d'en façe a attendre,
ainsi passe la nuit.

À l'autre bout du monde,
où l'espoir est mon seul issu;
à l'autre bout du monde,
mais où es-tu?

Tu es la plus tendre, celle qui n'est jamais arrivée
et, que jamais on ne voudrait voir repartir;
ainsi passe la nuit

À l'autre bout du monde,
où l'espoir est mon seul issu,
à l'autre bout du monde,
mais où es-tu?

je ne serai , las de t'attendre....
ainsi passe ma vie.

SPID un soir de fevrier 2004


Dernière édition par spiderman le Ven 17 Oct - 23:29, édité 2 fois
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Message  Duchesse Ven 17 Oct - 23:26

Ce poème, comme le pélican d'ailleurs m'a toujours donné envie de pleurer.Pleure
Je parlais de l'albatros bien sûr, pas du poème très beau d'ailleurs de Spid.
Duchesse
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Message  spiderman Ven 17 Oct - 23:41

Un parfum d’Orient

Est venu à ma fenêtre;

Mettre un peu de couleur,

Au printemps, à l’être.

Seul, habitude de l’être,

Le son d’un violon lointain,

Deux dièses sur la corde de ré.




Une musique à peine audible,

Mais dans un cœur si pénible;

Et les yeux à peine fermés,

Danse, valse pour ne pas pleurer.

Mais il est vrai que tout est beau,

Mais tellement beau pour être vrai,

Et dans mon âme tout renaît.




Ton appelle sous ma main,

Une photo que j’ai trouvée;

Un matin sous l’oreiller,

Mes doigts sur tes lèvres j’ai posé.

Mais le silence tu préfères,

Un appel où une prière.

Regard humide j’ai regardé.




Mais tout ça c’était hier,

Peut-être avant je ne sais plus;

S’il n’y avait pas toute cette guerre,

Les bombes ont refermés les portières.

Frontières habitent l’humanité,

Les lumières s’éteignent sur les cités,

Dans ce qui reste d’humanité


Spid.. hiver 2004
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Message  Invité Ven 17 Oct - 23:42

Spid, tu es un très bon poète...
Chapeau

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Message  Invité Ven 17 Oct - 23:43

Duchesse a écrit:Ce poème, comme le pélican d'ailleurs m'a toujours donné envie de pleurer.Pleure
Je parlais de l'albatros bien sûr, pas du poème très beau d'ailleurs de Spid.
Celui là de pélican ?

Le Capitaine Jonathan,
Etant âgé de dix-huit ans
Capture un jour un pélican
Dans une île d'Extrême-orient,

Le pélican de Jonathan
Au matin, pond un oeuf tout blanc
Et il en sort un pélican
Lui ressemblant étonnamment

Et ce deuxième pélican
Pond, à son tour, un oeuf tout blanc
D'où sort, inévitablement
Un autre, qui en fait autant.

Cela peut durer pendant très longtemps
Si l'on ne fait pas d'omelette avant.

Robert Desnos

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Message  spiderman Ven 17 Oct - 23:49

J’aimerais pouvoir te dire

Les mots qui l’habite,

Ce jardin secret

Que mon cœur à jamais visite.




Je ne sais pas vraiment comment

Elle a pris dans mon temps terrestre,

Ces cris d’amour qui pourtant hier,

N’étaient même pas caresse.




Elle a la peau couleur de blé,

Couleur de femmes d’autre côté,

Et chaque fois que ma main touche un mur

Écho lointain ,douce murmure.




Depuis le paysage a bien changé

De la poussière au champ de blé,

Quand l’espoir devient tourment,

De mon côté de l’océan..



Spid , hiver 2004
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Message  Duchesse Ven 17 Oct - 23:59

yapadebug a écrit:
Duchesse a écrit:Ce poème, comme le pélican d'ailleurs m'a toujours donné envie de pleurer.Pleure
Je parlais de l'albatros bien sûr, pas du poème très beau d'ailleurs de Spid.
Celui là de pélican ?

Rire hystérique Rire hystérique

Non celui là!

Lorsque le pélican, lassé d'un long voyage,
Dans les brouillards du soir retourne à ses roseaux,
Ses petits affamés courent sur le rivage
En le voyant au loin s'abattre sur les eaux.
Déjà, croyant saisir et partager leur proie,
Ils courent à leur père avec des cris de joie
En secouant leurs becs sur leurs goitres hideux.
Lui, gagnant à pas lents une roche élevée,
De son aile pendante abritant sa couvée,
Pêcheur mélancolique, il regarde les cieux.
Le sang coule à longs flots de sa poitrine ouverte;
En vain il a des mers fouillé la profondeur;
L'Océan était vide et la plage déserte;
Pour toute nourriture il apporte son cœur.
Sombre et silencieux, étendu sur la pierre
Partageant à ses fils ses entrailles de père,
Dans son amour sublime il berce sa douleur,
Et, regardant couler sa sanglante mamelle,
Sur son festin de mort il s'affaisse et chancelle,
Ivre de volupté, de tendresse et d'horreur.


Mais parfois, au milieu du divin sacrifice,
Fatigué de mourir dans un trop long supplice,
Il craint que ses enfants ne le laissent vivant,
Alors il se soulève, ouvre son aile au vent,
Et, se frappant le cœur avec un cri sauvage,
Il pousse dans la nuit un si funèbre adieu,
Que les oiseaux des mers désertent le rivage,
Et que le voyageur attardé sur la plage,
Sentant passer la mort, se recommande à Dieu.


Poète, c'est ainsi que font les grands poètes.
Ils laissent s'égayer ceux qui vivent un temps;
Mais les festins humains qu'ils servent à leurs fêtes
Ressemblent la plupart à ceux des pélicans.
Quand ils parlent ainsi d'espérances trompées,
De tristesse et d'oubli, d'amour et de malheur,
Ce n'est pas un concert à dilater le cœur.
Leurs déclamations sont comme des épées:
Elles tracent dans l'air un cercle éblouissant,
Mais il y pend toujours quelque goutte de sang.


Alfred de Musset. Le Pélican.

Qui retrouve" les quatre sans cous" de Desnos?
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Message  gros branleur Sam 18 Oct - 0:31

Duchesse a écrit:

Qui retrouve" les quatre sans cous" de Desnos?

voilà (en images):
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Message  gros branleur Sam 18 Oct - 2:38

et en texte:
LES QUATRE SANS COU

Ils étaient quatre qui n'avaient plus de tête,
Quatre à qui l'on avait coupé le cou,
On les appelait les quatre sans cou.

Quand ils buvaient un verre,
Au café de la place ou du boulevard,
Les garçons n'oubliaient pas d'apporter des entonnoirs.

Quand ils mangeaient, c'était sanglant,
Et tous quatre chantant et sanglotant,
Quand ils aimaient, c'était du sang.
Quand ils couraient, c'était du vent,
Quand ils pleuraient, c'était vivant,
Quand ils dormaient, c'était sans regret.

Quand ils travaillaient, c'était méchant,
Quand ils rôdaient, c'était effrayant,
Quand ils jouaient, c'était différent,
Quand ils jouaient, c'était comme tout le monde,
Comme vous et moi, vous et nous et tous les autres,
Quand ils jouaient, c'était étonnant.

Mais quand ils parlaient c'était d'amour.
Ils auraient pour un baiser
Donné ce qui leur restait de sang.

Leurs mains avaient des lignes sans nombre
Qui se perdaient parmi les ombres
Comme des rails dans la forêt.

Quand ils s'asseyaient, c'était plus majestueux que des rois
Et les idoles se cachaient derrière leurs croix
Quand devant elles ils passaient droits.

On leur avait rapporté leur tête

Plus de vingt fois, plus de cent fois,
Les ayant retrouvés à la chasse ou dans les fêtes
Mais jamais ils ne voulurent reprendre
Ces têtes où brillaient leurs yeux,
Où les souvenirs dormaient dans leur cervelle.

Cela ne faisait peut-être pas l'affaire
Des chapeliers et des dentistes.
La gaieté des uns rend les autres tristes.

Les quatre sans cou vivent encore, c'est certain.
J'en connais au moins un
Et peut-être aussi les trois autres.

Le premier, c'est Anatole,
Le second, c'est Croquignole,
Le troisième, c'est Barbemolle,
Le quatrième, c'est encore Anatole.

Je les vois de moins en moins,
Car c'est déprimant, à la fin,
La fréquentation des gens trop malins.
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Message  spiderman Sam 18 Oct - 4:00

Elle a les mots si difficile,

Qui brisent les cœurs les plus fragile;

Elle a le temps de son côté,

Moi j’n’ai que le vent pour oublier.




Sur ses chemins j’ai tant marchés,

Des pierres taillés par ses souliers;

Dans des chemins entrecroisés,

Dans sa maison je l’ai trouvé.




Portant des mots si fragile,

Qui ouvrent les cœurs plus difficile;

J’avais le temps de mon côté,

Là j’n’ai que le vent pour oublier.




Ce matin seul j’ai fait mon lit

Brindilles de feuilles j’avais cueillis

Au marché j’n’étais qu’un étranger,

C’est ainsi qu’elle l’avait décidé.

Spid 2004
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Message  clomani Sam 18 Oct - 10:18

Duchesse a écrit:
yapadebug a écrit:
Duchesse a écrit:Ce poème, comme le pélican d'ailleurs m'a toujours donné envie de pleurer.Pleure
Je parlais de l'albatros bien sûr, pas du poème très beau d'ailleurs de Spid.
Celui là de pélican ?

Rire hystérique Rire hystérique

Non celui là!

Lorsque le pélican, lassé d'un long voyage,
Dans les brouillards du soir retourne à ses roseaux,
Ses petits affamés courent sur le rivage
En le voyant au loin s'abattre sur les eaux.
Déjà, croyant saisir et partager leur proie,
Ils courent à leur père avec des cris de joie
En secouant leurs becs sur leurs goitres hideux.
Lui, gagnant à pas lents une roche élevée,
De son aile pendante abritant sa couvée,
Pêcheur mélancolique, il regarde les cieux.
Le sang coule à longs flots de sa poitrine ouverte;
En vain il a des mers fouillé la profondeur;
L'Océan était vide et la plage déserte;
Pour toute nourriture il apporte son cœur.
Sombre et silencieux, étendu sur la pierre
Partageant à ses fils ses entrailles de père,
Dans son amour sublime il berce sa douleur,
Et, regardant couler sa sanglante mamelle,
Sur son festin de mort il s'affaisse et chancelle,
Ivre de volupté, de tendresse et d'horreur.


Mais parfois, au milieu du divin sacrifice,
Fatigué de mourir dans un trop long supplice,
Il craint que ses enfants ne le laissent vivant,
Alors il se soulève, ouvre son aile au vent,
Et, se frappant le cœur avec un cri sauvage,
Il pousse dans la nuit un si funèbre adieu,
Que les oiseaux des mers désertent le rivage,
Et que le voyageur attardé sur la plage,
Sentant passer la mort, se recommande à Dieu.


Poète, c'est ainsi que font les grands poètes.
Ils laissent s'égayer ceux qui vivent un temps;
Mais les festins humains qu'ils servent à leurs fêtes
Ressemblent la plupart à ceux des pélicans.
Quand ils parlent ainsi d'espérances trompées,
De tristesse et d'oubli, d'amour et de malheur,
Ce n'est pas un concert à dilater le cœur.
Leurs déclamations sont comme des épées:
Elles tracent dans l'air un cercle éblouissant,
Mais il y pend toujours quelque goutte de sang.


Alfred de Musset. Le Pélican.

Qui retrouve" les quatre sans cous" de Desnos?

Moi c'est l'"Albatros" qui me fait pleurer à chaque fois que je le lis...
Je me suis toujours vue dans ce pauvre albatros à qui on aurait coupé les ailes.
Nous sommes tous des Albatros...
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Message  sam telam Sam 18 Oct - 11:22

Tu dis que tu aimes les fleurs
Oui mais tu leur coupes la queue
Tu dis que tu m' aimes
Alors j' ai peur....un peu!

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Message  Duchesse Sam 18 Oct - 13:57

Dit de la Force et de l'Amour

Entre tous mes tourments entre la mort et moi
Entre mon désespoir et la raison de vivre
Il y a l'injustice et ce malheur des hommes
Que je ne peux admettre il y a ma colère

Il y a les maquis couleur de sang d'Espagne
Il y a les maquis couleur du ciel de Grèce
Le pain le sang le ciel et le droit à l'espoir
Pour tous les innocents qui haïssent le mal
La lumière toujours est tout près de s'éteindre
La vie toujours s'apprête à devenir fumier
Mais le printemps renaît qui n'en a pas fini
Un bourgeon sort du noir et la chaleur s'installe
Et la chaleur aura raison des égoïstes
Leurs sens atrophiés n'y résisteront pas
J'entends le feu parler en riant de tiédeur
J'entends un homme dire qu'il n'a pas souffert
Toi qui fus de ma chair la conscience sensible
Toi que j'aime à jamais toi qui m'as inventé
Tu ne supportais pas l'oppression ni l'injure
Tu chantais en rêvant le bonheur sur la terre
Tu rêvais d'être libre et je te continue.


Paul Eluard
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FIL POESIE Empty Henri Michaux

Message  scud56 Sam 18 Oct - 14:22

Comme pierre dans le puits

Je cherche un être à envahir
Montagne de fluide, paquet divin,
Où es tu mon autre pôle ? Etrennes toujours
remises
Où es-tu marée montante ?
Refouler en toi le bain brisant de mon intolérable
tension !
Te pirater.

Présence de soi :outil fou.
On pèse sur soi
On pèse sur sa solitude
On pèse sur les alentours
On pèse sur le vide
On drague.

Monde couturé d’absences
Millions de maillons de tabous
Passé de cancer
Barrage des génufléchisseurs et des embretellés ;
Oh ! Heureux médiocres
Tettez le vieux et la couenne des siècles
Et la civilisation des désirs à bon marché
Allez, c’est pour vous tout ça.

La rage n’a pas fait le monde
Mais la rage doit y vivre.
Camarades du « Non » et du crachat mal rentré,
Camarades… mais il n’y a pas de camarades du
« Non ».
Comme pierre dans le puits mon salut à vous !
Et d’ailleurs, Zut !

In Lointains intérieurs
Henri Michaux
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Message  Invité Sam 18 Oct - 14:31

Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite, cours-y vite.

Le bonheur est dans le pré, cours-y vite. Il va filer.

Si tu veux le rattraper, cours-y vite, cours-y vite.

Si tu veux le rattraper, cours-y vite. Il va filer.

Dans l'ache et le serpolet, cours-y vite, cours-y vite,

dans l'ache et le serpolet, cours-y vite. Il va filer.

Sur les cornes du bélier, cours-y vite, cours-y vite,

sur les cornes du bélier, cours-y vite. Il va filer.

Sur le flot du sourcelet, cours-y vite, cours-y vite,

sur le flot du sourcelet, cours-y vite. Il va filer.

De pommier en cerisier, cours-y vite, cours-y vite,

de pommier en cerisier, cours-y vite. Il va filer.

Saute par-dessus la haie, cours-y vite, cours-y vite,

saute par-dessus la haie, cours-y vite. Il a filé!

Paul Fort

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FIL POESIE Empty Boris Vian

Message  scud56 Sam 18 Oct - 14:56

Tout a été dit cent fois

Tout a été dit cent fois
Et beaucoup mieux que par moi
Aussi quand j'écris des vers
C'est que ça m'amuse
C'est que ça m'amuse
C'est que ça m'amuse et je vous chie au nez.



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FIL POESIE Empty la chevelure de baudelaire

Message  billbaroud35 Sam 18 Oct - 15:37

Ô toison, moutonnant jusque sur l'encolure !
Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir !
Extase ! Pour peupler ce soir l'alcôve obscure
Des souvenirs dormant dans cette chevelure,
Je la veux agiter dans l'air comme un mouchoir !

La langoureuse Asie et la brûlante Afrique,
Tout un monde lointain, absent, presque défunt,
Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique !
Comme d'autres esprits voguent sur la musique,
Le mien, ô mon amour ! nage sur ton parfum.

J'irai là-bas où l'arbre et l'homme, pleins de sève,
Se pâment longuement sous l'ardeur des climats ;
Fortes tresses, soyez la houle qui m'enlève !
Tu contiens, mer d'ébène, un éblouissant rêve
De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts :

Un port retentissant où mon âme peut boire
A grands flots le parfum, le son et la couleur ;
Où les vaisseaux, glissant dans l'or et dans la moire,
Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire
D'un ciel pur où frémit l'éternelle chaleur.

Je plongerai ma tête amoureuse d'ivresse
Dans ce noir océan où l'autre est enfermé ;
Et mon esprit subtil que le roulis caresse
Saura vous retrouver, ô féconde paresse,
Infinis bercements du loisir embaumé !

Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues,
Vous me rendez l'azur du ciel immense et rond ;
Sur les bords duvetés de vos mèches tordues
Je m'enivre ardemment des senteurs confondues
De l'huile de coco, du musc et du goudron.

Longtemps ! toujours ! ma main dans ta crinière lourde
Sèmera le rubis, la perle et le saphir,
Afin qu'à mon désir tu ne sois jamais sourde !
N'es-tu pas l'oasis où je rêve, et la gourde
Où je hume à longs traits le vin du souvenir ?
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Message  spiderman Sam 18 Oct - 16:41

sam telam a écrit:Tu dis que tu aimes les fleurs
Oui mais tu leur coupes la queue
Tu dis que tu m' aimes
Alors j' ai peur....un peu!

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Message  Gotch Sam 18 Oct - 17:37

La Nuit de Mai
Alfred de Musset (1810–†1857)


LA MUSE

POÈTE, prends ton luth et me donne un baiser;
La fleur de l’églantier sent ses bourgeons éclore.
Le printemps naît ce soir; les vents vont s’embraser;
Et la bergeronnette, en attendant l’aurore,
Aux premiers buissons verts commence à se poser; 5
Poète, prends ton luth et me donne un baiser.
LE POÈTE

Comme il fait noir dans la vallée!
J’ai cru qu’une forme voilée
Flottait là-bas sur la forêt.
Elle sortait de la prairie; 10
Son pied rasait l’herbe fleurie;
C’est une étrange rêverie;
Elle s’efface et disparaît.
LA MUSE

Poète, prends ton luth; la nuit, sur la pelouse,
Balance le zéphyr dans son voile odorant. 15
La rose, vierge encor, se referme jalouse
Sur le frelon nacré qu’elle enivre en mourant.
Écoute! tout se tait; songe à la bien-aimée.
Ce soir, sous les tilleuls, à la sombre ramée
Le rayon du couchant laisse un adieu plus doux. 20
Ce soir, tout va fleurir: l’immortelle nature
Se remplit de parfums, d’amour et de murmure,
Comme le lit joyeux de deux jeunes époux.
LE POÈTE

Pourquoi mon cœur bat-il si vite?
Qu’ai-je donc en moi qui s’agite 25
Dont je me sens épouvanté?
Ne frappe-t-on pas à ma porte?
Pourquoi ma lampe à demi morte
M’éblouit-elle de clarté?
Dieu puissant! tout mon corps frissonne. 30
Qui vient? qui m’appelle?—Personne.
Je suis seul, c’est l’heure qui sonne;
Ô solitude! ô pauvreté!
LA MUSE

Poète, prends ton luth; le vin de la jeunesse
Fermente cette nuit dans les veines de Dieu. 35
Mon sein est inquiet; la volupté l’oppresse,
Et les vents altérés m’ont mis la lèvre en feu.
Ô paresseux enfant! regarde, je suis belle.
Notre premier baiser, ne t’en souviens-tu pas,
Quand je te vis si pâle au toucher de mon aile, 40
Et que, les yeux en pleurs, tu tombas dans mes bras?
Ah! je t’ai consolé d’une amère souffrance!
Hélas! bien jeune encor, tu te mourais d’amour.
Console-moi ce soir, je me meurs d’espérance;
J’ai besoin de prier pour vivre jusqu’au jour. 45
Viens, tu souffres, ami. Quelque ennui solitaire
Te ronge; quelque chose a gémi dans ton cœur;
Quelque amour t’est venu, comme on en voit sur terre,
Une ombre de plaisir, un semblant de bonheur.
Viens, chantons devant Dieu; chantons dans tes pensées, 50
Dans tes plaisirs perdus, dans tes peines passées;
Partons, dans un baiser, pour un monde inconnu.
Éveillons au hasard les échos de ta vie,
Parlons-nous de bonheur, de gloire et de folie,
Et que ce soit un rêve, et le premier venu. 55
Inventons quelque part des lieux où l’on oublie;
Partons, nous sommes seuls, l’univers est à nous.
Voici la verte Écosse et la brune Italie,
Et la Grèce, ma mère, où le miel est si doux,
Argos, et Ptéléon, ville des hécatombes, 60
Et Messa la divine, agréable aux colombes;
Et le front chevelu du Pélion changeant;
Et le bleu Titarèse, et le golfe d’argent
Qui montre dans ses eaux, où le cygne se mire,
La blanche Oloossone à la blanche Camyre. 65
Dis-moi, quel songe d’or nos chants vont-ils bercer?
D’où vont venir les pleurs que nous allons verser?
Ce matin, quand le jour a frappé ta paupière,
Quel séraphin pensif, courbé sur ton chevet,
Secouait des lilas dans sa robe légère, 70
Et te contait tout bas les amours qu’il rêvait?
Chanterons-nous l’espoir, la tristesse ou la joie?
Tremperons-nous de sang les bataillons d’acier?
Suspendrons-nous l’amant sur l’échelle de soie?
Jetterons-nous au vent l’écume du coursier? 75
Dirons-nous quelle main, dans les lampes sans nombre
De la maison céleste, allume nuit et jour
L’huile sainte de vie et d’éternel amour?
Crierons-nous à Tarquin: ‘Il est temps, voici l’ombre!’?
Descendrons-nous cueillir la perle au fond des mers? 80
Mènerons-nous la chèvre aux ébéniers amers?
Montrerons-nous le ciel à la Mélancolie?
Suivrons-nous le chasseur sur les monts escarpés?
La biche le regarde; elle pleure et supplie;
Sa bruyère l’attend; ses faons sont nouveau-nés; 85
Il se baisse, il l’égorge, il jette à la curée
Sur les chiens en sueur son cœur encor vivant.
Peindrons-nous une vierge à la joue empourprée,
S’en allant à la messe, un page la suivant,
Et d’un regard distrait, à côté de sa mère, 90
Sur sa lèvre entr’ouverte oubliant sa prière?
Elle écoute en tremblant, dans l’écho du pilier,
Résonner l’éperon d’un hardi cavalier.
Dirons-nous aux héros des vieux temps de la France
De monter tout armés aux créneaux de leurs tours, 95
Et de ressusciter la naïve romance
Que leur gloire oubliée apprit aux troubadours?
Vêtirons-nous de blanc une molle élégie?
L’homme de Waterloo nous dira-t-il sa vie,
Et ce qu’il a fauché du troupeau des humains 100
Avant que l’envoyé de la nuit éternelle
Vînt sur son tertre vert l’abattre d’un coup d’aile,
Et sur son cœur de fer lui croiser les deux mains?
Clouerons-nous au poteau d’une satire altière
Le nom sept fois vendu d’un pâle pamphlétaire, 105
Qui, poussé par la faim, du fond de son oubli,
S’en vient, tout grelottant d’envie et d’impuissance,
Sur le front du génie insulter l’espérance,
Et mordre le laurier que son souffle a sali?
Prends ton luth! prends ton luth! je ne peux plus me taire; 110
Mon aile me soulève au souffle du printemps.
Le vent va m’emporter; je vais quitter la terre.
Une larme de toi! Dieu m’écoute; il est temps.
LE POÈTE

S’il ne te faut, ma sœur chérie,
Qu’un baiser d’une lèvre amie 115
Et qu’une larme de mes yeux,
Je te les donnerai sans peine;
De nos amours qu’il te souvienne,
Si tu remontes dans les cieux.
Je ne chante ni l’espérance, 120
Ni la gloire, ni le bonheur,
Hélas! pas même la souffrance.
La bouche garde le silence
Pour écouter parler le cœur.
LA MUSE

Crois-tu donc que je sois comme le vent d’automne
125
Qui se nourrit de pleurs jusque sur un tombeau,
Et pour qui la douleur n’est qu’une goutte d’eau?
Ô poète! un baiser, c’est moi qui te le donne.
L’herbe que je voulais arracher de ce lieu,
C’est ton oisiveté; ta douleur est à Dieu. 130
Quel que soit le souci que ta jeunesse endure,
Laisse-la s’élargir, cette sainte blessure
Que les noirs séraphins t’ont faite au fond du cœur;
Rien ne nous rend si grands qu’une grande douleur.
Mais, pour en être atteint, ne crois pas, ô poète, 135
Que ta voix ici-bas doive rester muette.
Les plus désespérés sont les chants les plus beaux,
Et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots.
Lorsque le pélican, lassé d’un long voyage,
Dans les brouillards du soir retourne à ses roseaux, 140
Ses petits affamés courent sur le rivage
En le voyant au loin s’abattre sur les eaux.
Déjà, croyant saisir et partager leur proie,
Ils courent à leur père avec des cris de joie
En secouant leurs becs sur leurs goîtres hideux. 145
Lui, gagnant à pas lents une roche élevée,
De son aile pendante abritant sa couvée,
Pêcheur mélancolique, il regarde les cieux.
Le sang coule à longs flots de sa poitrine ouverte;
En vain il a des mers fouillé la profondeur: 150
L’Océan était vide et la plage déserte;
Pour toute nourriture il apporte son cœur.
Sombre et silencieux, étendu sur la pierre,
Partageant à ses fils ses entrailles de père
Dans son amour sublime il berce sa douleur, 155
Et, regardant couler sa sanglante mamelle,
Sur son festin de mort il s’affaisse et chancelle,
Ivre de volupté, de tendresse et d’horreur.
Mais parfois, au milieu du divin sacrifice,
Fatigué de mourir dans un trop long supplice, 160
Il craint que ses enfants ne le laissent vivant;
Alors, il se soulève, ouvre son aile au vent,
Et, se frappant le cœur avec un cri sauvage,
Il pousse dans la nuit un si funèbre adieu,
Que les oiseaux des mers désertent le rivage, 165
Et que le voyageur attardé sur la plage,
Sentant passer la mort, se recommande à Dieu.
Poète, c’est ainsi que font les grands poètes:
Ils laissent s’égayer ceux qui vivent un temps;
Mais les festins humains qu’ils servent à leurs fêtes 170
Ressemblent la plupart à ceux des pélicans.
Quand ils parlent ainsi d’espérances trompées,
De tristesse et d’oubli, d’amour et de malheur,
Ce n’est pas un concert à dilater le cœur.
Leurs déclamations sont comme des épées: 175
Elles tracent dans l’air un cercle éblouissant,
Mais il y pend toujours quelque goutte de sang.
LE POÈTE

Ô Muse! spectre insatiable,
Ne m’en demande pas si long.
L’homme n’écrit rien sur le sable 180
A l’heure où passe l’aquilon.
J’ai vu le temps où ma jeunesse
Sur meslèvres était sans cesse
Prête à chanter comme un oiseau;
Mais j’ai souffert un dur martyre, 185
Et le moins que j’en pourrais dire,
Si je l’essayais sur ma lyre,
La briserait comme un roseau.
Gotch
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Message  Invité Sam 18 Oct - 18:11

Lettre de George Sand à Alfred de Musset
Je suis trés émue de vous dire que j'ai
bien compris l'autre soir que vous aviez
toujours une envie folle de me faire
danser. Je garde le souvenir de votre
baiser et je voudrais bien que ce soit
là une preuve que je puisse être aimée
par vous. Je suis prête à vous montrer mon
affection toute désintéressée et sans cal-
cul, et si vous voulez me voir aussi
vous dévoiler sans artifice mon âme
toute nue, venez me faire une visite.
Nous causerons en amis, franchement.
Je vous prouverai que je suis la femme
sincère, capable de vous offrir l'affection
la plus profonde comme la plus étroite
en amitié, en un mot la meilleure preuve
que vous puissiez rêver, puisque votre
âme est libre. Pensez que la solitude oú j'ha-
bite est bien longue, bien dure et souvent
difficile. Ainsi en y songeant j'ai l'âme
grosse. Accourrez donc vite et venez me la
faire oublier par l'amour où je veux me
mettre.

George Sand
Maintenant relisez en ne lisant qu'une ligne sur deux...

Et Musset a répondu
Quand je mets à vos pieds un éternel hommage
Voulez-vous qu'un instant je change de visage ?
Vous avez capturé les sentiments d'un cour
Que pour vous adorer forma le Créateur.
Je vous chéris, amour, et ma plume en délire
Couche sur le papier ce que je n'ose dire.
Avec soin, de mes vers lisez les premiers mots
Vous saurez quel remède apporter à mes maux.

Alfred de Musset
Maintenant lisez seulement le premier mot de chaque vers...

Pas mal, non ?

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