Les réflexions buissonnières de Monsieur Marcelle
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Les réflexions buissonnières de Monsieur Marcelle
Ailleurs, réflexions buissonnières
Par Pierre Marcelle
Une pause
A l’heure où lentement Barack Obama arpente Pennsylvania Avenue fument encore les ruines de Gaza ; tandis que les ruines fumantes de Gaza rasée interrogent encore les «buts de guerre» d’Israël, le président des Etats-Unis d’Amérique apprécie peut-être qu’en l’honneur de son investiture, peut-être, se retirent de Gaza les chars israéliens, sans cependant avoir détruit «tous» les tunnels alimentant en armes ce Hamas dont tout un chacun se demande si trois semaines d’intenses bombardements de civils palestiniens ne l’ont pas durablement renforcé.
Parfois, par le fait d’un mur qui tombe, de deux tours qui s’abattent, d’un krach qui s’allume ou d’un Nègre intronisé «homme le plus puissant du monde», l’actualité universalisée se réduit à un lancinant brouhaha incitant le chroniqueur, qui ne saurait aller plus vite que la musique, à aller y voir de plus loin.
Un livre
Le chroniqueur alors confronte le monde à ses représentations, et il lui arrive de s’y faire du bien. Ainsi, découvrant de Patrick Rambaud, le deuxième volume des Chroniques de Nicolas Ier, le lecteur appréciera comme le sarkozysme va son train dictatorial. Ayant beaucoup ri au premier opus (No Smoking du 24 janvier 2008), il mesurera dans un sourire amer, le lecteur, comme le registre de Rambaud, passant du comique au tragique, accompagne la folie du Prince.
Un magazine
C’est qu’à l’an II finissant du quinquennat, on n’est plus tout à fait dans la farce. Tandis qu’en de douteux amalgames sont pris à partie les grévistes de Sud et de la SNCF (vive les grévistes de la SNCF !), les «terroristes» Besancenot et Mélenchon (quand ils manifestent contre les massacres de Gaza), et l’opposition parlementaire (lorsqu’elle prétend se faire entendre), le toujours embastillé «ultra-gauchiste» Julien Coupat est appelé à devenir le représentant symbolique. Et le magazine le Tigre, l’expression la plus subtile et la plus achevée d’une résistance qui n’est pas de papier.
Deux ans déjà qu’on sursoit à la promotion, dans ces pages, du «curieux magazine curieux» (voir sa genèse et son projet sur son site www.le-tigre.net). A ce jour, sans doute, ce qui s’imprime de plus intelligent, dans l’observation de l’émergence des nouvelles formes d’activisme militant. Dans sa dernière livraison, datée janvier-février
2009, le Tigre, via un dossier intitulé Ironie et sabotage, épouse exemplairement la dynamique qui voit converger, dans un mouvement informel, hétérogène et quasi souterrain, cent formes de luttes éclatées, orchestrées par une génération de «sans» et de précaires, tout près, tout contre ou en marge des partis, syndicats et associations.
Décrypté sur huit pages à travers une exhaustive Tentative de réorganisation chronologique de l’affaire dite de Tarnac, le big brotherisme terroriste de Mme Alliot-Marie s’y découvre infiniment plus dangereux qu’on ne saurait dire ici.
Un papier
On y songeait mercredi, en lisant dans Libération le beau portrait de Leïla Shaibi qui fonda l’Appel et la pioche, mouvement piqueur et niqueur de grandes surfaces alimentaires assez représentatif de cette gauche nouvelle dont nous entretient le magazine souple et puissant…
Un film
Et en lisant le portrait de Leïla Shaibi, on se disait qu’il faudra que la jeune garde réapprenne à l’ancienne ses fondamentaux. On se le disait en sortant d’une projection privée (le producteur est un camarade) de Louise Michel, le film de Solveig Anspach relatant les sept années de déportation de la «pétroleuse» communarde en
Nouvelle-Calédonie. Car les mots de Leïla Shaibi épousent exactement ceux qu’énonce dans le film Sylvie Testud (qui interprète le rôle-titre) : cohérence absolue du dire et du faire, intransigeance radicale sur la question du triptyque républicain, et, dans la foulée de Louise Michel (mais aussi bien de Rosa Luxembourg), considérations essentielles sur les rapports hommes-femmes, dans et hors le processus révolutionnaire.
Autant dire, tout au long d’un métrage de 90 minutes, de la bombe, que France 2 avait pris la décision de cofinancer en 2007. Soit peu avant que Sarkozy décrète sa brutale réforme de l’audiovisuel public.
Un procès
Ayant l’été dernier ignominieusement viré Siné de Charlie Hebdo, Philippe Val, appelé à témoigner par le dessinateur, n’a pas daigné mardi éclairer la XVIIe chambre du tribunal de Paris de ses relations avec Claude Askolovitch lorsque celui-ci fit sur RTL au chroniqueur licencié un bruyant procès en antisémitisme. Conséquemment poursuivi pour diffamation, Askolovitch plaida mardi que s’il avait dénoncé, de Siné, un texte antisémite, il n’avait assurément pas dit ni écrit que Siné était antisémite. On n’a pas bien tout compris, là…
NB
. Jeudi prochain 29 janvier, grève.
Par Pierre Marcelle
Une pause
A l’heure où lentement Barack Obama arpente Pennsylvania Avenue fument encore les ruines de Gaza ; tandis que les ruines fumantes de Gaza rasée interrogent encore les «buts de guerre» d’Israël, le président des Etats-Unis d’Amérique apprécie peut-être qu’en l’honneur de son investiture, peut-être, se retirent de Gaza les chars israéliens, sans cependant avoir détruit «tous» les tunnels alimentant en armes ce Hamas dont tout un chacun se demande si trois semaines d’intenses bombardements de civils palestiniens ne l’ont pas durablement renforcé.
Parfois, par le fait d’un mur qui tombe, de deux tours qui s’abattent, d’un krach qui s’allume ou d’un Nègre intronisé «homme le plus puissant du monde», l’actualité universalisée se réduit à un lancinant brouhaha incitant le chroniqueur, qui ne saurait aller plus vite que la musique, à aller y voir de plus loin.
Un livre
Le chroniqueur alors confronte le monde à ses représentations, et il lui arrive de s’y faire du bien. Ainsi, découvrant de Patrick Rambaud, le deuxième volume des Chroniques de Nicolas Ier, le lecteur appréciera comme le sarkozysme va son train dictatorial. Ayant beaucoup ri au premier opus (No Smoking du 24 janvier 2008), il mesurera dans un sourire amer, le lecteur, comme le registre de Rambaud, passant du comique au tragique, accompagne la folie du Prince.
Un magazine
C’est qu’à l’an II finissant du quinquennat, on n’est plus tout à fait dans la farce. Tandis qu’en de douteux amalgames sont pris à partie les grévistes de Sud et de la SNCF (vive les grévistes de la SNCF !), les «terroristes» Besancenot et Mélenchon (quand ils manifestent contre les massacres de Gaza), et l’opposition parlementaire (lorsqu’elle prétend se faire entendre), le toujours embastillé «ultra-gauchiste» Julien Coupat est appelé à devenir le représentant symbolique. Et le magazine le Tigre, l’expression la plus subtile et la plus achevée d’une résistance qui n’est pas de papier.
Deux ans déjà qu’on sursoit à la promotion, dans ces pages, du «curieux magazine curieux» (voir sa genèse et son projet sur son site www.le-tigre.net). A ce jour, sans doute, ce qui s’imprime de plus intelligent, dans l’observation de l’émergence des nouvelles formes d’activisme militant. Dans sa dernière livraison, datée janvier-février
2009, le Tigre, via un dossier intitulé Ironie et sabotage, épouse exemplairement la dynamique qui voit converger, dans un mouvement informel, hétérogène et quasi souterrain, cent formes de luttes éclatées, orchestrées par une génération de «sans» et de précaires, tout près, tout contre ou en marge des partis, syndicats et associations.
Décrypté sur huit pages à travers une exhaustive Tentative de réorganisation chronologique de l’affaire dite de Tarnac, le big brotherisme terroriste de Mme Alliot-Marie s’y découvre infiniment plus dangereux qu’on ne saurait dire ici.
Un papier
On y songeait mercredi, en lisant dans Libération le beau portrait de Leïla Shaibi qui fonda l’Appel et la pioche, mouvement piqueur et niqueur de grandes surfaces alimentaires assez représentatif de cette gauche nouvelle dont nous entretient le magazine souple et puissant…
Un film
Et en lisant le portrait de Leïla Shaibi, on se disait qu’il faudra que la jeune garde réapprenne à l’ancienne ses fondamentaux. On se le disait en sortant d’une projection privée (le producteur est un camarade) de Louise Michel, le film de Solveig Anspach relatant les sept années de déportation de la «pétroleuse» communarde en
Nouvelle-Calédonie. Car les mots de Leïla Shaibi épousent exactement ceux qu’énonce dans le film Sylvie Testud (qui interprète le rôle-titre) : cohérence absolue du dire et du faire, intransigeance radicale sur la question du triptyque républicain, et, dans la foulée de Louise Michel (mais aussi bien de Rosa Luxembourg), considérations essentielles sur les rapports hommes-femmes, dans et hors le processus révolutionnaire.
Autant dire, tout au long d’un métrage de 90 minutes, de la bombe, que France 2 avait pris la décision de cofinancer en 2007. Soit peu avant que Sarkozy décrète sa brutale réforme de l’audiovisuel public.
Un procès
Ayant l’été dernier ignominieusement viré Siné de Charlie Hebdo, Philippe Val, appelé à témoigner par le dessinateur, n’a pas daigné mardi éclairer la XVIIe chambre du tribunal de Paris de ses relations avec Claude Askolovitch lorsque celui-ci fit sur RTL au chroniqueur licencié un bruyant procès en antisémitisme. Conséquemment poursuivi pour diffamation, Askolovitch plaida mardi que s’il avait dénoncé, de Siné, un texte antisémite, il n’avait assurément pas dit ni écrit que Siné était antisémite. On n’a pas bien tout compris, là…
NB
. Jeudi prochain 29 janvier, grève.
gros branleur-
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Age : 60
Localisation : Gromoland du bas
Emploi : Teknichien
Loisirs : un peu de tout...beaucoup de rien
Date d'inscription : 08/08/2008
Re: Les réflexions buissonnières de Monsieur Marcelle
Bravo Pierre, toujours aussi pertinent, impertinent, avec le doigt de velours là où çà fait très mal!
Citoyens, la seule solution est la lutte.
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