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chronique d’une dérive anti-républicaine

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chronique d’une dérive anti-républicaine Empty chronique d’une dérive anti-républicaine

Message  sam telam Mer 25 Avr - 7:28

Nicolas Sarkozy en campagne électorale : chronique d’une dérive anti-républicaine







« Mes chers amis, nos électeurs nous ont quitté pour le FN parce que
nous n'étions pas décidés à défendre les valeurs qui sont les nôtres ».
(Lyon, 5 avril 2007)



A quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle et à
l’occasion d’une des déclarations les plus honteuses de Nicolas Sarkozy
sur un supposé déterminisme génétique, nombre de commentateurs ont pu
relever les dérives du candidat de l’UMP vers une droite décomplexée.



L’examen des discours, des articles, des interviews de Nicolas Sarkozy
montre pour tout observateur attentif une mue nationaliste, identitaire
et réactionnaire d’un candidat qui, en trois mois, a tourné le dos aux
fondements idéologiques de la droite républicaine.



Ce document consigne et met en cohérence les mots du sarkozysme en
campagne. Il ne se veut pas un énième décryptage du programme du
candidat de l’UMP, mais une chronique de ce qui s’est opéré durant
cette campagne. Militants politiques, nous nous attendions à ce que
Nicolas

Sarkozy égrène sa « rupture » au plan économique et social ; il a fait
plus, définissant une « rupture » culturelle avec notre bien commun, la
République telle qu’elle avait été refondée en 1945. Nicolas Sarkozy a
inventé la droite de l’avenir en puisant dans le passé le plus refoulé
de la droite nationaliste de l’affaire Dreyfus et de
l’entre-deux-guerres.



Nous avons écrit ce document pour que personne ne puisse dire qu’il ne
savait pas, pour que nos concitoyens soient éclairés et alertés avant
le choix crucial de l’élection, pour que chacun vote en conscience, en
ne passant pas à côté de ce que Nicolas Sarkozy nous a dit dans cette
campagne de sa rupture, de sa « France d’après… ». La seule alternative
face au projet de Nicolas Sarkozy, c’est de voter pour la candidate de
la transformation sociale et de la défense de nos valeurs républicaines
: la candidate socialiste Ségolène Royal.



Le réveil du nationalisme identitaire

Un nationalisme outrancier

Nicolas Sarkozy voulait parler de la nation pour redonner à ses
partisans la « fierté d’être Français ». Sa campagne a pris à plusieurs
reprises les accents d’un nationalisme outrancier que l’on avait plus
entendu chez un candidat de la droite républicaine depuis 1945. Parti
en guerre contre des ennemis imaginaires (les « repentants »), Nicolas
Sarkozy n’a cessé de dire que la France n’avait rien à se reprocher.
Balayant d’un revers de la main la reconnaissance officielle par
Jacques Chirac en 1995 de la complicité de l’État français dans la
déportation des Juifs de France, il a même remis au goût du jour une
espèce de germanophobie pour exalter l’innocence française.

« Nous avons tout lieu d’être fiers de notre pays, de son
histoire, de ce qu’il a incarné, de ce qu’il incarne encore aux yeux du
monde. Car la France n’a jamais cédé à la tentation totalitaire. Elle
n’a jamais exterminé un peuple. Elle n’a pas inventé la solution
finale, elle n’a pas commis de crime contre l’humanité, ni de génocide
». (Caen, 9 mars 2007)

Nicolas Sarkozy s’est aussi attaché à disculper la France de son passé
colonial. Devant l’électorat pied-noir et harki de Toulon ou de Nice,
il a défendu le bilan positif de la colonisation, au mépris de la
réalité historique et des efforts de réconciliation menés depuis les
années 1960.

« Je revendique le droit de dire qu’il n’y a pas eu
beaucoup de puissances coloniales dans le monde qui aient tant œuvré
pour la civilisation et le développement et si peu pour l’exploitation
». (Villebon-sur-Yvette, 20 mars 2007)



Une conception identitaire de la nation

La vision de la nation portée par Nicolas Sarkozy depuis trois mois
s’inscrit directement dans la lignée des conceptions identitaires,
agrariennes et biologiques du nationalisme d’extrême droite. Être
Français selon lui, c’est d’abord et avant tout l’être par le sang :

« Nul ne peut comprendre l’attachement charnel de tant de Français à la
terre de France s’il ne se souvient pas que coule dans leurs veines du
sang paysan voué pendant des siècles à féconder le sol français ».
(Lille, 28 mars 2007)

La dialectique entre une bonne terre et un bon sang n’est que
l’apothéose d’une pensée fondée sur l’exclusion, le repli face à des
éléments « externes » ne portant pas dans leurs veines les mêmes
caractéristiques que les nationaux. On comprend mieux pourquoi
l’immigration est conçue par le candidat de l’UMP comme une menace pour
l’identité nationale. Sa proposition de créer un « ministère de
l’immigration et de l’identité nationale » ressuscite ainsi la peur de
l’étranger, amalgamant immigrés intégrés de longue date dans la société
française, nouveaux arrivants réguliers et clandestins, tous porteurs
du même danger : celui de « dénaturer » la nation.

« A force que l’immigré se sente rejeté et que celui qui l’accueille se
sente dépossédé de son identité et de plus en plus étranger dans son
propre pays, on prépare la haine, non la fraternité » (Besançon, 13
mars 2007)

Une vision ethnique du monde

À force de dire de Nicolas Sarkozy qu’il n’est pas raciste, on passe à
côté d’un trait récurrent de son discours qui ne peut manquer
d’interroger : loin de l’universalisme républicain, le candidat de
l’UMP pense le monde à partir de catégories ethniques et raciales.
Défendant au micro de France Inter le 12 mars 2007 sa proposition de
créer un « ministère de l’immigration et de l’identité nationale », il
a parlé de l’existence d’une « race chinoise », alors que cette notion
n’a aucun sens. Plus largement, l’obsession génétique et ethnique de
Sarkozy révèle son incapacité à penser l’altérité autrement que sous
une forme biologique.

Une conception réactionnaire de la société

L’individu déterminé par ses gènes

Nicolas Sarkozy a livré une vision de l’homme profondément déterministe
en déclarant à Philosophie magazine, en avril 2007 : « J'inclinerais,
pour ma part, à penser qu'on naît pédophile, et c'est d'ailleurs un
problème que nous ne sachions soigner cette pathologie. Il y a 1200 ou
1300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n'est pas parce
que leurs parents s'en sont mal occupés ! Mais parce que,
génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable. Prenez
les fumeurs : certains développent un cancer, d'autres non. Les
premiers ont une faiblesse physiologique héréditaire. Les circonstances
ne font pas tout, la part de l'inné est immense »

On retrouve dans cette affirmation la tentative de voir en chaque homme
le simple aboutissement des informations génétiques qu'il a reçues lors
de sa conception. Cette résurgence de théories déterministes du
comportement nous rappelle les vieilles querelles de la fin du XIXe
siècle à propos du problème de l'inné et de l'acquis. La tentation de
réduire, classer et hiérarchiser l’ensemble des dimensions de la
complexité des comportements humains à l’aide d’une seule grille de
lecture - génétique en l’occurrence - et de s’en servir pour prédire
l’avenir des personnes relève d’une tradition bien sombre. Derrière un
discours de valorisation du "mérite" et de l'effort, Nicolas Sarkozy
propose une approche déterministe des comportements humains,
attentatoire à la liberté et profondément inégalitaire.

C’est aussi cette tentation qui avait conduit l’ancien Ministre de
l’Intérieur à proposer dans son projet de loi de prévention de la
délinquance la détection très précoce des « troubles comportementaux »
censés désigner les futurs délinquants. La disposition du projet de loi
- finalement abandonnée sous la pression d’une forte mobilisation -
invitait les professionnels de l’enfance à repérer des facteurs de
risques prénataux et génétiques, et à dépister dès 36 mois les signes
d’« indocilité, agressivité, impulsivité ».

Le retour des femmes au foyer

Malgré un discours d’apparence moderne sur certains sujets de société,
Nicolas Sarkozy a dévoilé une vision extrêmement archaïque et
traditionaliste des femmes. Il n’a ainsi pas hésité à développer une
mythologie de l’éternel féminin digne du régime de Vichy, renvoyant les
femmes à leur essence maternelle et protectrice : « Les valeurs des
femmes, c’est la générosité, le don de soi, le travail, l’engagement,
la famille, la paix, la vie. » (Rencontre « Femmes et égalité des
chances » le 6 avril 2007). La femme ne serait qu’une mère à qui la
société doit confier le rôle de prendre soin des enfants mais aussi des
personnes âgées. Prenant le contre-pied du projet d’émancipation et de
réduction des inégalités hommes/femmes défendu depuis la Libération, le
candidat de l’UMP nous propose de valoriser par un salaire maternel les
femmes qui restent à la maison, considérant qu’elles jouent ainsi leur
rôle dans la société : « Je donnerai des droits sociaux et des droits à
la retraite aux mères de famille qui se consacrent exclusivement à
l’éducation de leurs enfants. » (Rencontre « Femmes et égalité des
chances » le 6 avril 2007).

Des religieux dans les banlieues et les écoles

Nicolas Sarkozy a également réaffirmé qu’il souhaitait faire sortir la
religion de la sphère privée, s’écartant ainsi du modèle républicain de
laïcité. Jugeant que la société et la République ne permettent pas de
donner du sens au vivre-ensemble, le candidat de l’UMP pense que c’est
à la religion de jouer ce rôle, et d’assurer ainsi la pacification et
le maintien de l’ordre social dans les quartiers.

« Si dans nos quartiers on évoquait un peu plus souvent le sens de la
vie, si on disait aux jeunes que la vie est unique, qu'elle n'est pas
un bien de consommation comme les autres, peut-être qu'on aurait alors
moins de violence » (interview à La Croix , 4 avril 2007).

En matière d’éducation, Nicolas Sarkozy s’écarte également de la
mission républicaine de l’école et de l’idéal de mixité en prônant le
libre choix total des parents. Selon lui, l’école ne doit être que le
lieu de prolongement des conceptions religieuses ou communautaires des
parents, reproduisant ainsi les valeurs familiales, qui priment sur les
valeurs communes de citoyenneté républicaine et de mixité. Jamais
la droite n’avait aussi clairement pris le parti d’un démantèlement de
l’école publique.

La société des rentiers

En stigmatisant les chômeurs, les jeunes, les pauvres, Nicolas Sarkozy
souhaite imposer un ordre social « régénéré », où les plus riches
accumuleront en paix leur patrimoine avec l'aide de l'État (suppression
des droits de succession), quand les travailleurs seront contrôlés,
précarisés et culpabilisés. Cette remise en ordre est le fruit d'une
idéologie réactionnaire et profondément dangereuse. Elle est assise sur
un projet de creusement des inégalités sociales et de mise en
concurrence de groupes entre eux.

Les « bons Français » et « l’anti-France » : le moralisme sarkozyste

La diabolisation de la gauche

Nicolas Sarkozy, à cause de sa conception dangereuse de l'exercice du
pouvoir, aime à se poser dans le débat comme la référence morale,
construisant son discours contre la « pensée unique ». L'évènement
fondateur de cette anti-France qu’il souhaite combattre serait Mai 68
et sa postérité à gauche et en France. L’exécration de la gauche «
soixante-huitarde », « droit-de-l'hommiste », figure un ennemi
intérieur - quand l'immigré sera l'ennemi de l'extérieur. Cet ennemi
intime, accusé de tous les maux, le laxisme en tête, vient à point
nommé pour lui opposer une mise en ordre autoritaire et réactionnaire.
Un seul exemple suffit à le montrer : c'est pour combattre l'’« esprit
de jouissance » que Nicolas Sarkozy prône l'« esprit de sacrifice »
quand il traite de la valeur travail et des contreparties que l'État
doit exiger des travailleurs.

La France des « hystériques » et des « racailles »

La cohérence du projet de Nicolas Sarkozy se fait dans l'insulte et la
diabolisation des positions des uns et des autres. Les caricatures des
propositions de ses concurrents sont nombreuses, l'anathème, et
l'insulte aussi. Ses propos sont parfois sexistes, qualifiant Ségolène
Royal d'« hystérique », souvent délirants, assimilant la critique de
l'intervention policière Gare du Nord à une défense des « fraudeurs »,
toujours blessants, quand les émeutes des banlieues ne suscitèrent dans
sa bouche que les réponses de « karcher » et « racailles ».
Aujourd'hui, à quelques jours du premier tour de l'élection
présidentielle, la prudence verbale n’est plus de mise. Elle a été
remplacée par l'indignation, l'attaque permanente, renvoyant dos à dos
candidats et journalistes, médias et partis, comble du cynisme quand on
sait que sa filiation avec les leaders mondiaux de la droite
décomplexée va jusqu’à entretenir, lui aussi, des liens extrêmement
étroits avec les patrons des grands médias nationaux.

La justification de la violence des « honnêtes gens »

Dressant les Français les uns contre les autres, l’ex-ministre de
l’Intérieur a été même jusqu’à justifier l’usage de la violence par
certains groupes sociaux. Ainsi, la violence contre l'État serait
légitime quand elle procède de la « colère » de groupes sur lesquels il
s’appuie (manifestation de marins pêcheurs conduisant à l’incendie du
Parlement de Bretagne en 1994).

« Chez les marins, on ne fraude pas, on ne triche pas. Ici quand on
manifeste, quand on recours à la violence, ce n’est jamais pour se
distraire, ce n’est jamais pour nuire à autrui, c’est parce qu’on est
désespéré, c’est parce qu’on n’a plus de recours et qu’on se sent
condamné à la mort économique et à la mort sociale » (Lorient, 3 avril
2007)

A l'inverse, il dénie le droit de violence légitime aux catégories
qu'il stigmatise (leur violence serait purement « gratuite »), formées
non par sur des intérêts économiques mais sur la couleur de la peau, le
quartier et bientôt - qui sait ? - les gènes. Contre les plus faibles
en revanche, la violence d'État est légitime et maximale : ce sont les
sans-papiers SDF qui viennent chercher un peu de nourriture auprès des
Restos du Cœur et qui sont arrêtés, les ouvriers grévistes, les enfants
raflés à la sortie des écoles. Pour Nicolas Sarkozy, la violence est
donc un moyen de gouvernement opératoire couplée à la création
idéologique d'un corps social structuré en corporations qui ne regroupe
plus les travailleurs selon leurs intérêts mais obéit à une stratégie
de mise en ordre de la société.



OOO

O

Il est souvent dit que Nicolas Sarkozy aurait fait la synthèse des
trois droites françaises, la droite bonapartiste, la droite orléaniste,
la droite légitimiste. Force est de constater que ce qui structure
fortement sa pensée, ce sont les thèmes clefs de la droite nationaliste
telle qu’elle s’était cristallisée à la fin du XIXème siècle avec
l’affaire Dreyfus. L’antisémitisme en moins. Et c’est beaucoup. Le
libéralisme économique en plus. Et cela est évidemment important. Mais
pour le reste, l’autorité, l’identité nationale, le déterminisme
biologique, la défense de l’ordre, etc..., tout s’y retrouve. Nous ne
sommes plus dans la tradition gaulliste mais dans autre chose qui a
plus à voir avec l’évolution d’une part importante des droites
européennes, en Italie et en Espagne particulièrement, qui à leurs
politiques économiques libérales adjoignent tout un corpus doctrinal
réactionnaire. Et cela ne peut pas être masqué par quelques citations
empruntées à Jaurès et à Blum ! Il est difficile dans une
campagne trop éclatée de prendre conscience des logiques politiques qui
sont à l’œuvre. C’est pourquoi ce document veut montrer à quelle
cohérence inquiétante il faut faire barrage dans l’intérêt même des
Français et de la République.



http://militant.parti-socialiste.fr/2007/04/24/nicolas-sarkozy-campagne-derive-anti-republicaine/

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chronique d’une dérive anti-républicaine Empty le problème...

Message  clomani Mer 25 Avr - 10:07

C'est que, tout ça, nous on le sait...
Mais il faudrait qu'EUX, les Sarkozystes, le sachent...
De plus, on peut dire pour Libertéchanges que "qui se ressemblent s'assemblent"... car on est tous du même avis cheers.

Le hic, c'est que mon pote sarkozyste n'a pas répondu aux derniers mails que je lui avais fait (j'ai fini par lui dire ce que j'avais en travers de la gorge, i.e. que ses Assedics, c'était grâce à moi et à plein de travailleurs de gauche qu'il les devaient principalement vu que c'est le capital qui vote Sarko)...
J'aurais pas dû ?
Je lui ai fait suivre le projet pour casser l'internet libre... pourtant, il apprécie la liberté du net.
Enfin, peut-être est-il très absorbé à lire tout ce que je lui ai envoyé... study
Mais je doute qu'il soit ouvert à ce genre d'explications... trop obnubilé qu'il a été par le projet de Hollande d'imposer plus...
Je croise les doigts... bob
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